Publié le 14.11.2024
Restauration de la Vèze d'Ougney en aval de Taxenne
Contexte
Dans le cadre du contrat de rivière Ognon, le Syndicat Mixte d’Aménagement de la Moyenne et Basse Vallée de l’Ognon (SMAMBVO), en partenariat avec la communauté de communes Jura Nord a décidé d’engager un programme ambitieux de restauration de la Vèze d’Ougney qui doit à la fois résoudre les désordres écologiques du cours d’eau mais également apporter des réponses aux problématiques d’inondation.
Le ruisseau ressemble en effet aujourd’hui plus à un fossé qu’à un cours d’eau. Ses berges sont incisées en raison des différents curages historiques, son linéaire ne traduit plus du tout une rivière naturelle suite aux interventions de suppression de méandres qui ont autrefois été pratiqués. Ces différentes interventions effectuées au cours du temps pour des raison d’aménagement d’activités ou d’aménagement urbains des abords de la Vèze ont eu notamment pour conséquence d’altérer gravement le fonctionnement naturel de la rivière. La nappe d’eau d’accompagnement s’est ainsi réduite au fil du temps et de l’enfoncement du lit du ruisseau, diminuant la quantité de la ressource pouvant être stockée dans celle ci. La diminution de la nappe et des échanges avec la rivière (due aux curages et à la rectification du linéaire) ont favorisé le réchauffement de l’eau et diminué le rôle de filtre rendu par la végétation.
In fine, la Vèze se comporte comme un fossé, ne stockant pas l’eau pour les périodes de sécheresse, n’ayant plus la capacité d’adoucir les épisodes de crue, ne filtrant et ne rafraichissant plus l’eau. Les équilibres biologiques sont totalement
Depuis une quinzaine d’années, le syndicat, avec le soutien des élus de Taxenne et Ougney, entretien effectivement des discussions avec les riverains de la Vèze d’Ougney afin de permettre l’émergence d’un ambitieux projet de restauration de la rivière s’appuyant sur des solutions sans regrets et fondées sur la nature. Cette longue phase de négociation avait pour but de permettre la réalisation de travaux visant un double objectif : la prévention contre les inondations et la restauration de la biodiversité et du bon fonctionnement du ruisseau.
Les mesures sans regret correspondent à des actions qui présentent des bénéfices quelque soit les évolutions climatiques futures.
Les Solutions fondées sur la Nature sont des actions qui s’appuient sur les écosystèmes pour relever les défis que posent les changements globaux à nos sociétés comme la lutte contre les changements climatiques, la gestion des risques naturels, la santé, l’approvisionnement en eau ou encore la sécurité alimentaire. En effet, des écosystèmes préservés ou restaurés, qui sont résilients, fonctionnels et diversifiés accueillent une grande biodiversité et fournissent ainsi de nombreux services écosystémiques à nos sociétés (IUCN).
Causes de dysfonctionnement
En effet, le ruisseau de la Vèze d’Ougney a été perturbé par les différentes activités qui se sont développées sur ses berges au cours du temps. Ses méandres ont été rectifiés, son lit a été curé et ses berges ont bien souvent été modifiées ou enrochées.
Ces aménagements, réalisés essentiellement au début du XXème siècle, couplés à d’importants problèmes de qualité de l’eau ont largement modifiés les peuplements de poissons et d’insectes vivant dans la rivière. Aujourd’hui, on y trouve d’ailleurs beaucoup plus de sangsues et de larves de moustiques que d’éphémères (mouches de mai) et autres insectes sensibles qui devraient se développer dans son lit. Les truites, vairons et chabots ont disparu depuis longtemps de ce petit cours d’eau.
Les drainages historiques et la disparition des haies sur les terrains amont, couplés à l’accélération de l’eau au cours du tracé très rectiligne du cours d’eau, amplifie la fréquence et la rapidité des variations de débit du cours d’eau en cas de pluie, augmentant les risques d’inondation à l’aval.
Sur Taxenne et Ougney, les aménagements urbains à proximité de son lit et la diminution de l’espace laissé au cours d’eau ont un effet similaire.
Les travaux
En début d’année 2024, le syndicat appuyé par les élus des communes concernées et par la communauté de communes, a obtenu les dernières autorisations de propriétaires permettant d’engager les travaux sur le tronçon situé sur la commune de Taxenne.
Aujourd’hui, les travaux engagés vont permettre de transformer les 1095 m de ruisseau altéré en plus de 1400 m de ruisseau vivant. C’est une recréation totale du ruisseau qui sera ainsi réalisée.
Sur les secteurs habités de Taxenne, un terrassement des berges permettra au ruisseau de déborder sur des secteurs sans enjeux, diminuant ainsi la puissance et la fréquence des crues dans le bourg. Un dalot (l’équivalent d’une deuxième arche) sera aménagé en rive droite du pont afin d’augmenter le débit pouvant passer le pont avant de provoquer une inondation.
En dehors des secteurs habités, le gabarit du lit d’étiage (période de basses eaux) sera réduit. Le ruisseau débordera alors plus facilement dans ces secteurs sans enjeux. L’aménagement de méandres permettront le ralentissement des courants et la diversification des habitats pour la faune. Les débordements lents et réguliers faciliteront alors l’infiltration de l’eau dans les sols, augmentant la quantité d’eau disponible en période de sécheresse. Le fond du ruisseau qui a été creusé au fil des années, sera ramené à son altitude naturelle, augmentant ainsi la quantité d’eau stockée de façon naturelle dans les sols.
Ce ralentissement des eaux aura également pour effet des ralentir la vitesse des crues à Ougney en aval, les rendant moins destructrices et laissant plus de temps aux habitants pour réagir.
Enfin, la « digue du tacot » située à Ougney a largement été arrasée afin de limiter son effet barrage et atténuer encore la fréquence et l’importance des inondations.
Et après?
Le SMAMBVO compte sur les impacts positifs (en termes d’inondation, de biodiversité, d’adaptation aux changements climatiques et de paysage) de cette opération pour continuer sa mission de gerer les milieux aquatiques et de prévenir les inondations.
En tout, c’est près de 7 kilomètres de la Vèze d’Ougney qui doivent être restaurés dans les années qui viennent afin de permettre de gérer au mieux les inondations et de restaurer l’équilibre de cet écosystème. L’ensemble de ces travaux, prévus depuis de nombreuses années, nécessitent toutefois l’accord des nombreux propriétaires riverains sans lesquels rien n’est possible. Le syndicat s’est donc attaché dès le début, à contacter les propriétaires riverains sur Taxenne et Ougney, (secteurs prioritaires) pour engager les travaux. Toutefois certaines conventions font encore défaut au syndicat pour engager les autres tranches de travaux.
Sur le secteur restauré, le suivi de différents indicateurs aux cours des prochaines années permettra au syndicat d’évaluer les effets des aménagements effectués et corriger les éventuelles lacunes du projet. Comme sur les précédents travaux effectués par le SMAMBVO, les résultats de ces suivis seront présentés en réunion publique.