Publié le 21.03.2022
Le ruisseau du Crenu :
Le Crenu est un affluent situé en rive gauche de l’Ognon, dans le département du Doubs (25), qui conflue avec l’ognon sur la commune d’Avilley après avoir parcouru près de 12 kilomètres de linéaire. Ce cours d’eau qui représente un fort potentiel piscicole en raison de sa température et de son débit, altéré par plusieurs perturbations.
Perturbations :
Le ruisseau du Crenu souffre de ruptures de la continuité écologique en raisons de l’implémentation de barrages sur son linéaire ainsi qu’une incision importante et généralisée dont les causes n’ont pas été prouvées. Le Crenu est donc particulièrement encaissé : cette forme a pour conséquence un appauvrissement des fonctions apportées par un cours d’eau en bon état (création de zones humides, limitation des inondations, filtration et oxygénation de l’eau etc..).
Cette incision est à l’origine d’une banalisation du milieu avec une homogénéisation des habitats aquatiques. Elle est aussi responsable d’une déconnexion du cours d’eau et de ses annexes, provoquant la diminution des zones humides, une modification de la végétation des berges et des étiages plus longs et plus marqués. On constate aussi une augmentation des risques d’inondation due à la perte des zones humides remplissant auparavant le rôle « d’éponge ».
Du point de vue de la qualité de l’eau, le cours d’eau souffre d’une quantité de matières en suspension trop importante, en raison d’un sur-piétinement et de l’aménagement de drains.
Aussi, continuant les efforts portés sur l’assainissement et la qualité de l’eau, la communauté de communes des Deux Vallées Verte, par l’intermédiaire du SMAMBVO, mène actuellement d’importants travaux de restauration sur les secteurs de Rognon et Avilley visant la restauration de la continuité écologique et la reconnexion du cours d’eau et de ses annexes.



Qualité écologique
Du point de vue piscicole, il a été constaté un gros dysfonctionnement au niveau du barrage d’Avilley (qui a été réhaussé de 30 cm dans les années 1980) totalement infranchissable pour les poissons. Les inventaires piscicoles effectués ont démontré la présence de Lotte de rivière en aval du barrage et leur absence en amont. D’autre part, les zones de frayères à truite (principalement des plages de graviers) sont perturbées par le colmatage et le piétinement du bétail.
Toutefois les résurgences du cours d’eau lui confèrent des températures favorables aux poissons. De même, le secteur Tallans-Avilley offre des conditions favorables à la truite et la Lotte de rivière sur les secteurs où l’incision n’est pas trop prononcée.
Dans la traversée de Rognon, le Crenu est totalement canalisé et fragmenté par plusieurs obstacles infranchissables. Enfin, plusieurs étangs contribuent à déséquilibrer localement les peuplements piscicoles par réchauffement de l’eau et par la communication du ruisseau avec les étangs comme l’ont montré les inventaires réalisés par le passé.
Ainsi, la Figure 2 démontre les discordances entre le peuplement attendu et le peuplement de poisson observé. La Truite, la Lamproie de Planer et le Blageon sont absents des inventaires piscicoles dès 2000 et il y a une abondance disproportionnée de Chevaines.
Qualité physico-chimique
Depuis les premières études menées sur le ruisseau, des efforts importants ont été fournis pour améliorer la qualité de l’eau. Aussi, il a pu être constaté une nette amélioration de la qualité de l’eau entre 2004 et 2008, notamment pour les paramètres liés aux matières organiques. Toutefois, la température sur le secteur amont atteint toujours des maximales pouvant être supérieures à 20°C, ce qui n’est pas constaté à l’aval.
Hydraulique
Le ruisseau du Crenu occasionne des problèmes hydrauliques majeurs dès la crue décennale dans les zones suivantes :
- Rive gauche de Rognon
- Rive droite de Tallans
- Rive gauche d’Avilley
Et dans une moindre mesure, rive droite de Puessans
Etat des lieux
Dès 2004, une enquête effectuée auprès des habitants témoignait de phénomènes de crue plus importantes et plus rapides qu’auparavant ainsi que d’un certain nombre d’attentes vis-à-vis de la qualité d’eau et de son état général.
Les problématiques d’assainissement sont en effet nombreuses sur le bassin versant du Crenu et la communauté de communes, nouvel acteur de l’assainissement, s’attache désormais à rétablir une qualité d’eau satisfaisante.
De nombreuses perturbations dues aux modifications des pratiques culturales ont également été constatées. Les passages de grandes zones prairiales à une culture généralisée accompagnée de la mise en place de drains a provoqué un assèchement du lit majeur du cours d’eau (l’ensemble de la plaine du cours d’eau). Sur les autres parcelles, la divagation du bétail et le sur-piètinement contribuent à l’abroutissement de la végétation et à la fragilité des berges, entrainant la mise en suspension de particules fines. Celles-ci sont les principales responsables de la turbidité de l’eau et du colmatage du fond du lit.
Qualité physique Globalement, le ruisseau témoigne d’une incision généralisée qui entraine une déconnexion avec la ripisylve, une disparition de caches pour les poissons et la dégradation de la végétation rivulaire. Cette incision voit certainement une partie de ces origines dans les rectifications historiques du ruisseau et l’artificialisation de ses berges.
D’autre part, cette déconnexion des annexes due à l’incision a également contribué au phénomène d’amplification des étiages actuellement observés sur le bassin versant.



Ces travaux s’accompagnaient d’une recharge en sédiments adaptés combiné à la mise en place de rampes d’enrochements afin de lutter contre l’incision du cours d’eau à l’aval immédiat de Rognon. Une intervention sur la végétation a également été réalisée.
Première phase de restauration :
Une première phase de travaux a été menée sur le secteur de Rognon (tronçons 3 et 4 du Crenu).
Le tronçon 3, au cœur de Rognon, correspond à une portion totalement artificialisée. En effet, le tracé autrefois méandriforme a été rectifié sur environ 200m en un linéaire totalement droit dont le fond est constitué d’un pavage en pierre et dont les berges ont été enrochées ou remplacées par des murs. La largeur d’environ 4 m est supérieure à celle du cours naturel de sorte qu’à l’étiage, la lame d’écoulement d’eau est très réduite. Ce secteur totalement homogène ne permet pas le développement d’une faune équilibrée.
Sur le troncon 4 situé en aval de Rognon, les études ont conclu à un milieu assez altéré. L’incision profonde subie par le lit du cours d’eau se traduit par des berges qui peuvent atteindre 2m.
Les travaux visaient donc à augmenter les capacités habitationnelles sur ce secteur de cours d’eau totalement canalisé en permettant une diversité de vitesse d’écoulement et de hauteur d’eau par des aménagements dans le lit mineur du cours d’eau sans augmenter le risque d’inondation.
L’aménagement de microseuils dans la traversée de Rognon avait ainsi pour but de diversifier les habitats et de permettre une amélioration de la continuité écologique par une augmentation de la hauteur d’eau du cours d’eau en période d’étiage.
Une seconde phase de travaux est prévue en 2022 sur le secteur d’Avilley et de la confluence (tronçons 9,10 et 11)
Ces travaux permettront de restaurer la continuité écologique sur le secteur d’Avilley par l’installation de rampes d’enrochement en lieu et place du seuil d’Avilley et de restaurer la confluence du Crenu en créant un nouveau lit.
L’ensemble de ces actions ont pour objectifs de restaurer des fonctionnalités satisfaisantes du ruisseau. Il remplira alors mieux son rôle de filtre pour améliorer la qualité de l’eau, de ralentissement et d’atténuation des crues, de soutien d’étiage et d’habitat pour les poissons et les insectes.