La Jussie, jolie envahissante

Publié le 13.04.2022

Introduction

La Jussie à grandes fleurs fait l’objet d’un arrêté ministériel interdisant son introduction, volontaire ou non dans les milieux naturels. Espèce invasive originaire d’Amérique du Sud, la Jussie à grandes fleurs ou ludwigie à grandes fleurs déséquilibre considérablement les écosystèmes locaux. Son développement rapide détruit les espèces locales concurrentes, les habitats des poisson et des oiseaux et peut contribuer fortement au comblement des bras morts et des mares dans lesquels elle est implantée. La liste hiérarchisée des espèces végétales exotiques envahissantes et potentiellement envahissantes en Franche-Comté et préconisations d’actions éditée par le Conservatoire Botanique de Franche-Comté considère la Jussie à grandes fleurs comme « une espèce exotique envahissante émergente dans les milieux naturels ou semi-naturels ».

Une zone envahie par la Jussie à grandes fleurs

Les problèmes posés par la Jussie

La Jussie jolie envahissante par Virgile Gindre

La Jussie à grandes fleurs (Ludwigia grandiflora
subsp. hexapetala) est une plante aquatique envahissante capable de se développer au-dessus et en-dessous de la surface de l’eau ou sur terre ferme immergée une partie de l’année. C’est une plante qui se rencontre particulièrement dans les eaux stagnantes ou à faible courant. Sa résistance aux périodes de sécheresse et son développement particulièrement rapide en font une véritable menace pour l’équilibre des écosystèmes aquatiques.

Contrairement à la renouée du Japon, dont les techniques de destruction restent encore pour l’instant au stade d’expérimentation, la Jussie est régulièrement arrachée dans les zones où son impact est trop important pour les milieux aquatiques.

La Jussie à grandes fleurs
Le résultat d’un arrachage de Jussies

Les solutions actuelles et futures mises en place

La zone se situe entre Courchapon et Chenevrey-Morogne
La parcelle concernée par le projet

Plan de gestion 2015 à 2019

Le plan de gestion pour la Jussie à grandes fleurs a été établi dans le but de limiter le développement de la plante sur la reculée du communal des chambres à Chenevrey-et-Morogne (70). Le plan élaboré pour la période 2015-2019 est le premier des trois plans de gestion Jussie établis par le SMAMBVO.

La station de Jussie à grandes fleurs de Chenevrey et Morogne a été découverte en 2014 par un membre de la Fédération Départementale pour la Pêche et la Protection des Milieux Aquatiques de Haute-Saône (FDPPMA70).

Après avoir constaté la présence de la plante sur le site, une réunion d’information a été organisée, regroupant les élus et le personnel du SMAMBVO , l’EPTB Saône et Doubs et les Chantiers Départementaux pour l’Emploi d’Insertion. Après discussions, le syndicat a été désigné maître d’ouvrage d’un plan de lutte pluriannuel sur le site, avec l’accompagnement de l’EPTB et le Conservatoire botanique de Franche-Comté. Les Chantiers Départementaux ont été retenus pour la phase opérationnelle des travaux.

L’objectif de la mise en place de ce plan de lutte était de limiter le développement de la plante sur les parcelles envahies en stoppant sa progression sur le secteur aval.

Une mise en défend au moyen d’une clôture électrique a été mise en place durant toute la période de pâturage.

Plan de gestion 2019-2021

Le deuxième plan de gestion de lutte contre la Jussie se place dans la continuité du premier projet mis en place. Le secteur concerné est le même et les techniques d’arrachage précédentes ont été conservées.

Secteur concerné

La parcelle concernée par le plan de gestion est une annexe hydraulique située à proximité du barrage de Courchapon. Le recouvrement est inégal et variable d’une année à l’autre. Quelques pieds de la plante ont été trouvés sur l’Ognon en aval du busage mais ces pieds sont contenus et seuls 2 ou 3 pieds ont été observés en berge de l’Ognon en amont de la prise d’eau du site.

Présence d’Hotonnie des marais

La présence d’Hottonie des marais (Hottonia palustris), plante protégée en Franche-Comté a été constatée. Sa présence a été prise en compte dans les plans d’arrachage de Jussie dans un objectif de préservation de la plante.

Mise en place du chantier et mesure de prévention

Mise en place d’un filtre

Afin d’éviter la dissémination de boutures de jussie en aval de la zone

Afin d’éviter la dissémination de boutures de jussie en aval de la zone déjà contaminée, la zone d’intervention sera sécurisée par une pose de filtres.

Ces filtres seront constitués d’un double jeu de grilles ou filets à maille fine qui doivent toucher le fond et être maintenues en place. Lors de l’arrachage des herbiers du secteur, le filtre pourra ainsi limiter le départ de fragments vers l’aval.

Précaution durant l’arrachage et nettoyage du matériel

L’arrachage s’effectue dans le milieu en eau afin de faciliter l’extraction des racines. Lors de l’arrachage, le chemin entre l’herbier traité et la benne de transport sera couvert par un feutre de paillage ou une bâche, afin de faciliter le ramassage de fragments de jussie qui pourraient tomber lors du transport.

Arrachage de Jussie

Pour chaque nouvel herbier traité, le feutre sera nettoyé et déplacé pour matérialiser le chemin à emprunter jusqu’à la benne de stockage.

Le matériel sera inspecté avant et après le chantier afin de ne pas contribuer à la dissémination de la jussie dans d’autres sites.

Les boutures sur les berges devront être ramassées à la fin du chantier.

Marnay
Marnay

Suivis après-chantiers

Les chantiers d’arrachage de jussie sont en général prévus pour une durée de 5 ans impliquant deux interventions annuelles et une surveillance de l’ensemble du site.

Les expériences menées dans d’autres régions montrent qu’un arrachage annuel ne permet jamais de supprimer la totalité de l’herbier, et que seuls des passages répétées sur plusieurs années en viennent à bout.

Plan de gestion 2022-2027

L’année 2021 a été marquée par la découverte d’un nouveau site de Jussie sur l’Ognon à proximité de la commune de Marnay. La parcelle concernée est une ancienne zone d’extraction de gravier à l’aval du barrage.

Le recouvrement par la jussie est inégal et variable d’une année à l’autre.

Suite aux deux précédents plans de gestion Jussie mis en place et à l’expérience acquise dans le cadre des travaux de lutte contre la plante, la technique de l’arrachage manuel a été retenue une fois de plus dans le nouveau plan de gestion. Les différents retours d’expérience et la bibliographie s’accordent sur l’efficacité de cette méthode.

Pour obtenir des résultats intéressants, une durée de 5 ans est requise à minima, à raison de 2 passages annuels sur les 2 à 3 premières années. La quantité de travail d’arrachage varie fortement entre les années, en fonction de la vitesse de développement de la plante. L’estimation des temps et des coûts nécessaires au nettoyage des zones concernées est donc particulièrement difficile.

Le protocole d’arrachage et le matériel nécessaire est le même que lors des précédents plans de gestion. Il est détaillé ci-dessous.

Résultats à venir…

Une zone envahie par la Jussie
Chenevrey-Morogne

Comment éliminer la Jussie ? Protocole d’arrachage

Technique d’arrachage

Les opérateurs devront, précautionneusement, arracher les tiges à la main, en prenant soin de ne pas produire de fragments de la plante. Pour faciliter l’extraction des racines, une griffe de jardinage pourra être utilisée, en veillant à ne pas fragmenter les rhizomes. La jussie est capable de développer de nouveaux herbiers à partir d’un fragment de tige ou de rhizome resté dans la vase. Il faudra donc tirer doucement sur les plantes en saisissant d’abord plusieurs tignes puis le rhizome, préalablement dégagé de la vase grâce à la griffe de jardin. Il conviendra ensuite de tirer la plus grande longueur possible de ce dernier sans le casser.

Après avoir retiré la biomasse visible avec le maximum de rhizomes, il convient de fouiller la vase afin de retirer des morceaux de rhizomes. A l’aide d’une épuisette à mailles fines (ou d’un rateau à herbe), les fragments de plantes dérivant en surface et sous la surface seront récupérés tout au long des opérations d’arrachage. Il est recommandé d’affecter une personne de l’équipe à cette tache, pendant que les autres membres arrachent les plants. A minima, un passage à l’épuisette sera réalisé à la fin de chaque journée de chantier.

Transport des Jussies arrachées

Une fois arrachés, les déchets résultant de l’arrachage de la Jussie doivent être transportés dans l’objectif d’être traités. La solution de transport retenue est l’utilisation d’une camionnette équipée d’une benne recouverte d’une bâche étanche afin de garantir un transport sans dissémination des fragments dans la nature.

Un nettoyage minutieux de la benne de transport est nécessaire, également dans l’objectif de limiter la dissémination des fragments.

Traitement et stockage des déchets

Les Jussies extraites des sites envahis sont évacuées directement après arrachage. Les déchets sont mis à sécher sur le site, en veillant à ne pas disséminer des fragments ou des plants qui pourraient engendrer l’envahissement de nouvelles zones. Le site retenu pour le stockage et le séchage des plants de Jussie arrachés est l’ancienne carrière de Chaumercenne, en Haute-Saône.