Connaître et préserver

Connaître et préserver : Lutte contre les invasives

Une espèce exotique envahissante est une espèce introduite par les humains, volontairement ou par accident, dans un territoire qui n’est pas son aire de répartition naturelle et dont l’implantation et la propagation menacent les écosystèmes, habitats ou espèces indigènes (présentes naturellement sur le territoire), avec parfois des conséquences sur les activités économiques ou la santé humaine. Le nombre d’espèces exotiques envahissantes a augmenté de 70% dans les 21 pays qui ont présenté des données détaillées depuis 50 ans. Les activités humaines ont considérablement amplifié le phénomène de dispersion d’espèces entre écosystèmes. C’est le cas notamment des échanges liés au commerce international, qui ont augmenté d’un facteur 10 au cours des dernières années. (naturefrance.fr)

La renouée du Japon

Sa croissance en ilots mono spécifique perturbe voire déséquilibre l’écosystème local.

La renouée du Japon a été introduite volontairement au 19ème siècle pour ses valeurs ornementales, mellifères, fourragères et sa capacité à supporter des sols instables et toxiques. Elle constitue aujourd’hui l’une des espèces envahissantes les plus problématiques, colonisant à grande vitesse les milieux ouverts, empêchant les autres espèces de s’implanter et fragilisant les berges sur lesquelles elle se développe.

La renouée géante ou renouée du Japon (Fallopia japonica et hybrides) appartient à la famille des polygonacées. Vaste famille qui comprend des indésirables aux cultures comme la renouée persicaire ou le rumex, ou bien des plantes sauvages mais aussi des plantes alimentaires comme l’oseille, le blé noir, la rhubarbe ou le sarazin.

Elle apprécie surtout les places bien ensoleillées. Elle colonise les zones alluviales, les rives des cours d’eau, les berges enrochées. Elle se développe en peuplement dense pour atteindre très rapidement 2m de hauteur, généralement 1 à 2 mètres au dessus du niveau de l’eau. Elle ne supporte pas l’immersion prolongée (asphyxie racinaire). Les milieux perturbés et dégradés par les activités humaines, dépotoirs sauvages, remblais, talus, zones abandonnées, bords de route, voies de chemin de fer sont des lieux d’autant plus favorables à son implantation.

Son impact sur les milieux

Depuis environ 1950, cette espèce s’est répandue de façon spectaculaire. Sa reproduction se fait surtout à partir de fragments de rhizomes ou de tiges par érosion des berges (un millimètre carré de plante peut donner vie à un nouveau pied), transport de terre, fauchage sans élimination des déchets…

Plante pionnière, elle est la première à s’installer sur milieu nu (crues, travaux agricoles, génie civil, dégradations et destructions de la végétation…). Son rhizome encombre le sol et s’empare des ressources. Sa croissance très rapide et son feuillage très dense représentent une trop forte compétitivité pour les espèces végétales locales et ne permettent pas le développement d’autres plantes sous son couvert. Un appauvrissement de la biodiversité s’en suit, la flore et la faune indigène disparaissent.

Sa prolifération conduit à une homogénéisation du paysage et des habitats. Des nuisances peuvent être également préjudiciables pour les usagers par l’effet déstabilisant de la croissance des rhizomes et le mur végétal occasionné : dégradation des voies de communication, gêne des activités agricoles, difficulté d’accès, encombrement de barrage de cours d’eau par les tiges emportées par les eaux etc…

Plusieurs expérimentations ont été menées ou sont en cours au niveau national en vue de supprimer localement cette plante, toutefois il semble qu’aucune ne soit couronnée de succès.

Comment stopper sa progression ?

  • Maintenir l’équilibre naturel : Pour freiner la renouée, la perturbation des milieux doit être évitée (coupe rase, sol mis à nu, aire de stockage de bois…)
  • Arracher : Seuls les petits foyers de végétation peuvent être éliminés totalement par un arrachage soigné. Le rhizome très résistant peut mesurer plusieurs mètres et descendre en profondeur. Ce travail se réalise sur plusieurs années lors d’actions soutenues et systématisées. La totalité des parties aériennes et le maximum de rhizomes sont éliminés. 
  • Reboiser : Après des travaux ou des tentatives d’éradication. L’objectif étant l’ombrage (la renouée du Japon a besoin de beaucoup de lumière). Des essences autochtones sont plantées (fusain, noisetier, saule, aulne, frêne, merisier), cela accompagné de mesures d’épuisement de la renouée dans l’attente de la croissance de la plantation (fauchage régulier, utilisation de géotextiles denses). 
  • Communiquer : Actuellement, le principal moyen pour lutter contre la dissémination de cette essence est d’informer la population afin qu’elle ne soit plus utilisée comme plante d’ornement, favorisant sa propagation par l’intermédiaire de jardiniers amateurs.

La Rudbeckia lacinié

Présente en particulier sur la haute vallée de l’Ognon, cette plante d’originaire de l’Est de l’Amérique du Nord a été introduite en France dès le début du XVIIème siècle pour ses qualités ornementales. Elle se développe en particulier sur les berges de rivière, à proximité de la ripisylve et dans les bois et prairies humides. La plante forme des peuplements denses qui étouffent les autres espèces. Le développement de cette plante pénalise donc fortement les espèces locales et réduit la biodiversité : réduction moyenne de 50% d’espèces dans les zones où elle s’est développée.

Techniques de lutte

La fauche très régulière peut être préconisée (plusieurs fois par an) mais cette méthode n’élimine pas la plante et peut même favoriser le développement de nouvelles zones de peuplement.

Pour faire régresser la plante, la plantation d’espèces forestières pionnières comme les saules ou les aulnes peut également être mise en place. Le pâturage peut être également une solution de complément.

Rudbeckia laciniata

Le silure glane

Le Silure Glane est une espèce exotique de poisson d’eau douce originaire des pays Nords-Européens (Suède) ou Sud-Européens (Grèce) et d’Asie Centrale. De très grande taille et carnassier, il peut atteindre jusqu’à 2.7 mètres et peser plus de 130 kilos. Dans ses zones d’origine, le silure glane ne représente pas une menace pour les écosystèmes. La température de l’eau et la morphologie des cours d’eau du Nord et du Sud de l’Europe ne lui permettent pas de se surdévelopper.

Introduit en France et en Espagne pour l’élevage et la pêche sportive, le silure se développe de manière incontrôlée, en particulier dans les cours d’eau modifiés par l’Homme. La température de l’eau, l’absence de prédateurs le rendent invasif et particulièrement nocif pour les ressources halieutiques qu’il réduit fortement dans les zones où il est implanté. Les poissons migrateurs comme les saumons atlantiques qui remontent le cours des rivières lors de la période de reproduction sont donc ainsi particulièrement impactés par la présence de silures.

Un silure glane

Le Ragondin (Myocastor coypus) et le rat musqué

Un ragondin

Le ragondin est un rongeur introduit en France pour sa fourrure il est désormais considéré comme nuisible pour les activités humaines car il est à l’origine de dégâts affectant les cultures, les ouvrages hydrauliques, les voies d’eau mais également facteur de plusieurs maladies pouvant toucher l’Homme. Il constitue également une menace pour l’équilibre des écosystèmes aquatiques.

Ce rongeur, venu d’Amérique du Sud, est très présent sur la vallée de l’Ognon. On peut parfois observer une dizaine d’individus sur une même parcelle. Les cours d’eau incisés et rectifiés, avec des écoulement lents sont très favorables au développement de ce « gros rat » qui peut donner naissance à près de 90 individus en 2 ans. Sa grande capacité d’adaptation et sa capacité de reproduction en font une espèce très envahissante.

Les terriers qu’il creuse dans les berges fragilisent les abords des cours d’eau, provoquant leur effondrement. Il est également souvent mis en cause dans les voies d’eau des lagunages, contribuant ainsi à la dégradation de la qualité d’eau.

Les signes visibles de la présence du Ragondin

Les traces des ragondins sur les berges
Empreintes
Zones d’accès au cours d’eau
Les galeries formées par les ragondins fragilisent les berges et déséquilibrent l’écosystème local.

« Les ragondins n’ont pas de prédateurs en Europe et ne souffrent pas de pathologies létales. Ils ont donc colonisé la quasi-totalité du territoire national en 50 ans. »

Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature

Les dégâts liés à la présence des ragondins

  • Envasement des cours d’eau et fossés 
  • Percement des digues (lagunages) 
  • Effondrement des berges
  • Dérangement des espèces indigènes.
  • Destruction des frayères.
  • Dégâts aux cultures
  • Pertes animales (factures)
  • Vecteur de maladies comme la leptospirose, l’échinococcose ou la douve. 

Méthodes de lutte :

  • Empoisonnement : Basée sur l’utilisation d’un anticoagulant (bromadiolone) additionné à des appâts (carottes, pommes….)  cette méthode n’est quasiment plus utilisée (interdiction en 2020).
  • Tir (fusils ou arcs) : Effet pervers de suppression des mâles aplha induisant une surfécondation des femelles. D’efficacité limitée, à conjuger avec le piègeage.
  • Piègeage : Moyens humains à mobiliser et investissement matériel, coût élevé mais peu ou pas d’impact sur le milieu

Le rat musqué

Le rat musqué (ou rat d’Amérique) est une espèce exotique, comme le ragondin, qui a été introduite en Europe pour sa fourrure et qui a progressivement colonisé un grand nombre de cours d’eau. Comme le ragondin, il fait des dégâts importants à cause des terriers qu’il creuse dans les berges de canaux et dans les digues de terre. 

La Jussie

La Jussie à grandes fleurs (Ludwigia grandiflora
subsp. hexapetala) est une plante aquatique envahissante capable de se développer au-dessus et en-dessous de la surface de l’eau ou sur terre ferme immergée une partie de l’année. C’est une plante qui se rencontre particulièrement dans les eaux stagnantes ou à faible courant. Sa résistance aux périodes de sécheresse et son développement particulièrement rapide en font une véritable menace pour l’équilibre des écosystèmes aquatiques.

Contrairement à la renouée du Japon, dont les techniques de destruction restent encore pour l’instant au stade d’expérimentation, la Jussie est régulièrement arrachée dans les zones où son impact est trop important pour les milieux aquatiques.

La Jussie à grandes fleurs
Le résultat d’un arrachage de Jussies
Jussie flottante (image : L.Mischler)
Jussie rampante
Interactif Les espèces envahissantes en vallée de l’Ognon par Virgile Gindre