Restaurer les milieux

Restaurer les milieux : Rétablir la continuité écologique

Qu’est-ce que la continuité écologique

La continuité écologique garanti le passage des poissons et des sédiments à travers les cours d’eau et autres milieux aquatiques. Les barrages et autres obstacles perturbent le transit sédimentaire et la circulation des poissons et autres organismes aquatiques. Plus de 100 000 de ces obstacles à l’écoulement sont recensés en France dans le ROE (référentiel des obstacles à l’écoulement). Ils ont des conséquences sur la qualité de l’eau, la biodiversité ou encore les inondations.

Les syndicats s’attachent à permettre la restauration de la continuité écologique sur le bassin versant en tenant compte des différentes activités qui en dépendent.

En France, une politique de restauration de la continuité écologique est mise en œuvre pour améliorer la situation, notamment par l’aménagement ou la gestion de certains ouvrages.

Pourquoi la rétablir ?

Rétablir la continuité écologique, c’est permettre les liens entre les différents écosystèmes aquatiques, c’est donc favoriser le développement de la biodiversité par la protection des équilibres naturels. Un équilibre préservé de ces milieux garantit en effet une qualité de l’eau préservée, une réduction des pollutions liées aux espèces invasives et une diversité d’espèces vivantes très importante. 

Les impacts des obstacles à la continuité écologique :

Les obstacles à l’écoulement ont avant tout un impact sur le milieu et la biodiversité.

Les déficits sédimentaires qu’ils entrainent amplifient les phénomènes d’érosion et d’incision (enfoncement dysfonctionnel du lit du cours d’eau).

L’augmentation de la surface en contact avec l’air, ainsi que le caractère « calme » des eaux favorisent également le réchauffement de l’eau. Sur le territoire de la Haute Vallée de l’Ognon, la FDAAPPMA de Haute-Saône a mesuré des écarts de températures importantes entre l’amont et l’aval du plan d’eau. Sur certaines grandes retenues, le phénomène d’évaporation a pour conséquence la perte d’un volume d’eau significatif (de 0,25 l/s/ha et jusqu’à 1,8 l/s/ha en été). 

La fragmentation de l’habitat peut nuire aux espèces présentes localement et à termes déséquilibrer l’écosystème environnant. L’impossibilité pour les organismes d’accéder a l’ensemble de leurs habitats pour se reproduire, se nourrir ou se reposer, à de graves conséquences sur les populations qui peuvent, à la fin, s’éteindre. On peut noter l’exemple du saumon sur des fleuves comme la Loire ou la Garonne. Certains grands barrages ont totalement bloqué l’accès à leur zone de frai et les effectifs doivent être confortés artificiellement tous les ans pour espérer maintenir des populations. Le cas de l’anguille sur les cours d’eau affluents de la Saône et du Rhône est totalement similaire. Sur des espèces plus locales, comme la truite ou le brochet, l’impact cumulé des barrages et autres seuils provoque un retard d’accès de ces espèces à leurs zones de reproduction optimales (les individus peuvent passer plusieurs jours à tenter des passer les obstacles). Les pontes ont alors lieu sur des secteurs moins adaptés, avec un succès de reproduction moins important.

Certains usages de l’eau et des milieux aquatiques peuvent aussi pâtir des ruptures de continuité écologique. La pêche et le tourisme sont particulièrement impactées.

Barrage de Geneuille
Barrage
Une passe à poissons

Le contexte actuel :

En France, la question de la libre-circulation des poissons dans les cours d’eau a été formulée dès 1865 au sein d’une loi sur la pêche, puis en 1919 dans le cadre d’une loi sur les rivières réservées. Toutes deux modifiées dans les années 1980, elles permettent de protéger certains cours d’eau à l’aide de 2 types de classements : un classement interdisant la création de nouvelle centrale hydroélectrique, et un classement exigeant que le passage des poissons soit possible. 

En 2000, la directive cadre sur l’eau (DCE) intègre la continuité de la rivière comme critère du bon état écologique des cours d’eau sur laquelle la France s’est engagée. La réglementation française est adaptée en conséquence avec la nouvelle loi sur l’eau et les milieux aquatiques (LEMA) de 2006. Les rivières peuvent être classées au sein de 2 listes relatives à la continuité écologique (ou sur aucune des deux), qui s’accompagnent de contraintes particulières :

  • liste 1, la création de tout nouvel obstacle est interdite et le maintien des ouvrages existants ne doit pas dégrader la qualité de la rivière ;

  • liste 2, la création et le maintien des ouvrages est possible, mais doit permettre le passage des poissons et des sédiments.

Cette règlementation à été récemment (2021) modifiée afin de faciliter l’amplification de la petite hydro-électricité.

La cas de l’Ognon

L’Ognon et ses affluents n’échappent pas à ce constat de fragmentation de l’habitat de la faune piscicole. De nombreux barrages ponctuent effectivement le linéaire du cours d’eau et de l’ensemble des ruisseaux affluents.

Malgré l’impact que ces barrages peuvent avoir sur la rivière, une étude mené par Jean René Malavoi, pour le compte de l’Établissement Public Territorial de Bassin Saone et Doubs (EPTB S&D) concluait qu’il était techniquement très compliqué mais également risqué de supprimer la plupart des barrage de la rivière Ognon. L’étude conclue que les nombreux barrages ont eu un impact important sur les peuplements de poissons et ont entrainé une aggravation du phénomène d’incision de la rivière en fixant la géométrie de son cours et en retenant les sédiments en amont. Toutefois, leur présence actuelle dans la basse et moyenne vallée permet de stabiliser le fond du lit mineur et de la ligne d’eau de la rivière. Leur disparition pourrait entrainer des effets physiques et écologiques très négatifs induits notamment par la reprise de l’incision du cours d’eau (perte des milieux humides maintenus en amont des barrages, déstabilisation des ponts et infrastructures, assèchement des annexes hydrauliques, rabattement brutal de la nappe alluviale, …).

Les syndicats ont donc déployé leurs efforts à restaurer la continuité écologique en premier lieu sur les affluents qui constituent les pépinières de l’Ognon et considèrent chaque barrage de la moyenne et basse vallée de l’Ognon au cas par cas, tout en restaurant la continuité écologique par le biais de passes à poissons, de rivière de contournement,…

Les actions du syndicat :

Modifications de gestion

Parfois une simple modification de gestion peut permettre une restauration suffisante de la continuité écologique (modification des périodes d’ouverture de vannage, automatisation, …).

Arasement de l’obstacle

Un type d’intervention similaire, mais avec moins d’ampleur peut être l’arasement de l’obstacle qui consiste à abaisser sa hauteur ou à créer une brèche dans l’ouvrage.

Effacement

Sur certains ouvrages qui n’ont plus d’usage, la solution la plus simple, la moins couteuse et la plus efficace peut être l’effacement. Dans ce cas, l’ouvrage est totalement détruit. Cette solution permet d’avoir un rétablissement complet de la continuité sédimentaire et écologique et présente l’avantage de nécessiter très peu d’entretien (et donc de couts cachés) par la suite. Les syndicats intègrent généralement cette action dans des opérations de restauration morphologiques plus large à l’image de la restauration de la Linotte à Loulans.

Création de passes à poissons

Dans d’autre cas des aménagements peuvent être effectués. Des solutions de passes à poissons peuvent être mises en place. Ces “passes à poissons” ont vocation à permettre le passage d’une ou plusieurs espèces, de l’aval vers l’amont (montaison) ou de l’amont vers l’aval (dévalaison). Leur efficacité n’atteint toutefois pas celle de l’effacement complet d’un ouvrage.


Sur les affluents, l’ensemble des solutions a été mis en œuvre (effacement, arasement, aménagement et gestion) en fonction des contextes. Généralement ces aménagements s’accompagnent de travaux hydromorphologiques plus importants.

Ces actions sont réalisées en partenariat avec les fédérations départementale des associations agréées de pêche et de protection des milieux aquatiques.

Les syndicats travaillent donc à l’aménagement des ouvrages avec l’installation de passes à poissons et de rivières de contournement en parallèle de leur équipement en hydro-électricité afin que ceux-ci ne soient pas inutiles.