Respecter, connaître la rivière et sa vallée

La page « Respecter, connaître la rivière et sa vallée » est la page la plus simplifiée pour comprendre le fonctionnement global d’une rivière et la nécessité des actions de restauration entreprises par le SMAMBVO. Pour en savoir davantage sur le fonctionnement des écosystèmes, les conséquences des aménagements humains sur les milieux naturels et les actions du SMAMBVO, n’hésitez pas à vous rendre sur les pages du site correspondantes.

Des rivières en mauvais état…

Le constat

En Vallée de l’Ognon, la majorité des cours d’eau sont en mauvais état écologique en raison des activités humaines, des aménagements et des rectifications effectuées par l’homme au cours de l’histoire. Les services indispensables à la vie humaine rendus par le bon fonctionnement naturel des écosystèmes diminuent et doivent être compensés par des procédés couteux et souvent peu efficaces. Les dysfonctionnements des milieux naturels dus à l’activité humaine sont responsables de nombreux problèmes comme une baisse de la quantité et de la qualité de l’eau, un rendement des cultures en baisse, le développement des espèces invasives exotiques etc.

Les causes du mauvais état des rivières et de ses environs

Rectification des cours d’eau pour les besoins agricoles

La modernisation de l’agriculture en France entre 1955 et 1975 a conduit au remembrement; opérations ayant pour objectif la modifications des parcelles agricoles pour les rendre compatibles avec l’agriculture intensive et l’utilisation de machines de plus grande taille. Ces nombreuses modifications ont profondément transformé les paysages ruraux, les transformant de paysages de bocages (petites parcelles agricoles entourées et délimitées par des haies, des arbres et de la végétation) à des champs de très grandes taille, le plus souvent en monoculture (un seul type de plantation sur des surfaces agricoles très importantes).

L’agrandissement des parcelles agricoles a également eu pour conséquence la rectification des ruisseaux et des cours d’eau : Naturellement, en plaine, les ruisseaux serpentent et forment des méandres (virages). Naturellement, les ruisseaux sont donc peu encaissés (très peu de hauteur de berge) et débordent donc rapidement dans les plaines en cas de crue. Leur forme naturelle garantit également leurs rôles de conservateurs de l’eau, de purificateurs et de refroidisseurs de l’eau, autant d’éléments permettant le développement de la biodiversité. Un très grand nombre de ruisseaux ont donc vu leur forme être modifiée : Agrandissement du lit, encaissement du lit avec pour objectif une réduction des périodes d’immersion des plantations pour un meilleur rendement.

En plus de ces modifications morphologiques (modifications de la forme du cours d’eau), les modifications ont également portées sur la disparition de la ripisylve (végétation et arbre sur les rives du cours d’eau).

Pollution des rivières, pressions industrielles et agricoles

Les pressions exercées sur les ruisseaux sont nombreuses : Intrants d’origine agricole ou industrielle détruisent les habitats des espèces locales et tuent animaux et végétaux. La présence de pesticides dans l’eau entraîne ainsi des dégradations et des modifications des écosystèmes aquatiques, y compris lorsque les taux de concentration des substances sont faibles. Les populations d’invertébrés (grenouilles, tritons) sont extrêmement touchées par ce type de pollution, avec une diminution du nombre d’espèces et d’individus pouvant aller jusqu’à 40%.

De plus, les pollutions des cours d’eau ont des conséquences sur l’ensemble du milieu : les chaînes alimentaires sont dérèglées et les pollutions atteignent également l’eau et la nourriture consommée par les humains. Les eaux souterraines sont également touchées par les pollutions et nécessitent un traitement pour les rendre potables, ce qui engendre des coûts importants.

Construction de barrages et de retenues d’eau

Les barrages sont souvent considérés par le grand public comme des techniques de production d’électricité à l’impact environnemental très faible. Cependant, la mise en place de barrages, de seuils ou de retenues d’eau pour la production d’électricité ou le stockage de l’eau ont des impacts directs et à long terme sur les écosystèmes aquatiques :

Perturbation des flux de sédiments

Un cours d’eau transporte naturellement des sédiments (particules en suspension dans l’eau, se déposant au fond de l’eau par couches successives). La matière minérale (les cailloux et les pierres) ainsi que le reste des particules sont donc bloqués par le barrage et s’accumulent progressivement dans la retenue.

Obstacle à la continuité écologique

En constituant un obstacle pour l’écoulement de l’eau, les barrages et autres aménagements de plus de 20 centimètres d’eau, les barrages bloquent la remontée des poissons migrateurs qui remontent les cours d’eau de l’aval à l’amont pour se reproduire.

Évaporation de l’eau

La retenue d’eau crée par un barrage ou un autre aménagement fait chauffer l’eau, ce qui accélère son évaporation.

En savoir plus sur les barrages et leurs impacts En savoir plus sur les barrages et leurs impacts Liste des barrages implantés sur la moyenne et basse Vallée de l’Ognon Liste des barrages implantés sur la moyenne et basse Vallée de l’Ognon

Curage et drainage des rivières

La Rivière Ognon a été curée et drainée pendant de longues périodes, laissant apparaître aujourd’hui des gravières remplies d’eau semblables à de petits lacs. C’est le cas à Pagney, dans le Jura ou à Geneuille, dans le Doubs où les deux anciennes gravières sont devenues des réserves riches en espèces protégées. L’extraction des sédiments et de la matière minérale présente dans le cours d’eau a entrainer des dysfonctionnements réels de l’écosystème.

Destruction des zones humides

Afin de gagner en surface exploitables, des prairies autrefois humides et des zones humides ont été drainées pour satisfaire les besoins de l’agriculture intensive. Ainsi, en France, plus de la moitié des zones humides ont été détruites au cours des 50 dernières années, ce qui a eu un impact très important sur le fonctionnement des milieux.

Artificialisation des sols

L’artificialisation, c’est la perte de la naturalité des sols. C’est le remplacement de zones naturelles vierges en zones exploitées. Cette artificialisation s’accompagne d’une forte imperméabilisation : Les aménagements humains limitent très fortement les quantités d’eau pouvant s’infiltrer dans les sols et dans les nappes phréatiques.

Les conséquences de ce mauvais état

Perte de la biodiversité

La perte de la biodiversité est une conséquence de la plupart des problèmes cités ci-dessus. Les aménagements de l’homme et les pressions exercées sur les milieux aquatiques déséquilibrent les écosystèmes et détruisent la diversité des espèces présentes. Cette perte de biodiversité provoque des problèmes en chaîne, qui impactent directement les humains et leur vie.

Pour en savoir plus sur les multiples conséquences de la perte de biodiversité, cliquez sur ce lien.

Moins de ressources en eau, accentuation des effets des sècheresses

Les conséquences de l’artificialisation des sols

En rendant les sols imperméables et en limitant les zones d’infiltration, les aménagements humains ne permettent pas à l’eau de pluie de s’infiltrer dans le sol et d’atteindre les nappes phréatiques, lieu principal de stockage de l’eau douce.

Les épisodes pluvieux, de plus en plus courts et violents avec le réchauffement climatique, ont moins d’effet sur le niveau des nappes en raison de l’effet « chasse d’eau » créé par l’artificialisation des sols. La pluie s’écoule rapidement vers la mer sans être stockée, ce qui réduit la quantité d’eau disponible sur le territoire.

Les conséquences de la destruction des zones humides

Les zones humides rendent de très nombreux services écosystémiques comme le stockage de l’eau en hiver et la lutte contre les inondations, la redistribution de l’eau stockée lors des sècheresses en été, le stockage du carbon etc.. Les zones humides sont également des zones très importantes pour la faune et la flore et abritent de très nombreuses espèces et une biodiversité unique.

En savoir plus sur les zones humides et leurs rôles En savoir plus sur les zones humides et leurs rôles

Perte de la qualité de l’eau

Les cours d’eau modifiés par l’homme perdent leur fonction de filtration de l’eau : Un ruisseau en bon état filtre l’eau en réduisant les particules en suspension et réduit progressivement les doses de polluants. Avec une forme modifiée, les ruisseaux ne filtrent plus l’eau, ne l’oxygènent plus et favorisent son réchauffement, autant d’éléments qui accentuent la perte de biodiversité et impactent négativement la qualité de l’eau.

Appauvrissement des sols

Déconnectés de la plaine et des milieux parcourus par la rivière, les sols s’appauvrissent et ne sont plus alimentés en nutriments par la rivière. Il est donc nécessaire d’augmenter les doses d’intrants et d’engrais pour continuer d’obtenir des rendements équivalents.

Inondations

Le remembrement, la rectification des ruisseaux, leur encaissement volontaire a augmenté fortement le risques d’inondation, la fréquences de celles-ci, et les dégâts qui y sont liés. En effet, un ruisseau modifié par l’homme est droit et enfoncé, ce qui ne lui permet pas de s’étendre dans les plaines lors des crues : l’eau n’est pas ralentie, ne peut pas se déverser dans les zones non-habitées et ravage donc les biens quand elle rencontre un village.

Développement des espèces invasives

Les nombreux déséquilibres des écosystèmes s’accompagnent du développement de nombreuses espèces invasives. Les espèces invasives exogènes sont des espèces vivantes de faune ou de flore introduites dans le milieu par l’homme et qui, non-adaptées aux écosystèmes locaux, colonisent rapidement le territoire en détruisant les espèces locales. Leur trop forte concurrence nuit beaucoup à la biodiversité et cause des dysfonctionnements dans le fonctionnement des milieux.

Guide : Les espèces envahissantes en Vallée de l’Ognon Guide : Les espèces envahissantes en Vallée de l’Ognon

Encaissement des ruisseau et incisions

Les barrages, le draguage (utilisation des sédiments du cours d’eau), le manque d’arbres en rives de cours d’eau sont autant d’éléments qui mènent à l’enfoncement du cours d’eau. Les rives de la rivière deviennent de plus en plus hautes, les berges s’effondrent, la rivière est déconnectée de la plaine, ce qui accentue les risques d’inondation et détruit la biodiversité. La qualité de l’eau est également impactée car la forme du lit ne permet plus la filtration des polluants et des particules en suspension.

Le Ruisseau de la Lanterne (25) fortement modifié par l’Homme
La Roë 1949-2016 remembrement
La Roë (Mayenne) 1949-2016
Ruisseau de la Prairie à Cubrial, en Vallée de l’Ognon, modifié par l’Homme
Photos gratuites de Juin
Les méandres naturelles d’une rivière
Les saumons remontent les cours d’eau pour se reproduire
Photos gratuites de Excavatrice
La rivière Ognon est toujours draguée aujourd’hui (prélèvements des sédiments dans le lit de la rivière)
Le Barrage de Cussey sur l’Ognon, un obstacle à la continuité écologique
Une zone humide en Vallée de l’Ognon
La Renouée du Japon colonise rapidement les milieux naturels et détruit la biodiversité
Photos gratuites de Ragondin
Le Ragondin, importé en Europe pour sa fourrure impacte négativement le milieu local
Photos gratuites de La campagne
Déconnectés des ruisseaux environnants, les cultures sont moins fertilisées
Le mauvais état des cours d’eau entraîne des inondations
Le Lauzin, ruisseau encaissé dans la Vallée de l’Ognon

Les actions du syndicat :

Rétablissement de la continuité écologique :

Les syndicats travaillent au rétablissement de la continuité écologique, en permettant aux poissons de remonter les rivières. Bloqués par les barrages, les poissons migrateurs ne peuvent plus remonter les barrages, limitant ainsi la biodiversité. Pour rétablir la continuité, le SMAMBVO met en place des solutions comme des passes à poissons, des ouvrages permettant aux poissons de remonter les barrages.

En savoir plus sur le rétablissement de la continuité écologique En savoir plus sur le rétablissement de la continuité écologique

Lutte contre les espèces invasives :

Afin de limiter les effets de la prolifération des espèces invasives sur la biodiversité locale et de ralentir leur progression, le SMAMBVO met en place des plans de gestions des espèces invasives.

En savoir plus sur la lutte contre les espèces invasives En savoir plus sur la lutte contre les espèces invasives

Restauration des cours d’eau :

Les cours d’eau modifiés par l’homme pour différents besoins perdent leurs fonctionnalités : La biodiversité diminue, les inondations sont plus importantes et fréquentes, les sècheresses s’aggravent. Il est donc nécessaire de restaurer les rivières dans leur état naturel pour qu’elles puissent continuer à rendre des services importants.

En savoir plus sur la restauration des rivières En savoir plus sur la restauration des rivières

Protection et restauration des zones humides :

Les zones humides rendent de très nombreux services gratuits et particulièrement utiles : Stockage de l’eau en hiver, redistribution de l’eau en été, stockage du carbone, préservation de la biodiversité etc..

En savoir plus sur les zones humides En savoir plus sur les zones humides En savoir plus sur le plan de gestion milieux humides En savoir plus sur le plan de gestion milieux humides
La Passe à Poissons de Voray sur l’Ognon
Plan d’eau envahi par la Jussie et traité par le SMAMBVO
Le ruisseau de la Quenoche avant restauration
Le ruisseau de la Quenoche après restauration

Ce que vous pouvez faire pour respecter la rivière

  • Si vous êtes propriétaire d’une parcelle riveraine d’un cours d’eau, un entretien est nécessaire. Un guide est à votre disposition en suivant ce lien.
  • L’utilisation réfléchie des ressources en eau limite les impacts humains sur le fonctionnement des rivières : En été notamment, limitez votre utilisation de l’eau à vos besoins élémentaires.
  • Lors de vos promenades, respectez la faune et la flore : Ne touchez pas aux habitats des espèces vivantes et ne cueillez pas de plantes.
  • Ne plantez pas et ne transportez pas d’espèces invasives pour éviter leur dissémination.
  • Ne rejetez pas dans la nature ou dans le réseau d’assainissement des produits dangereux pour l’environnement.