Gérer les milieux

Gérer les milieux : Frayères

Quest-ce qu’une frayère ?

Une frayère est une partie d’un cours d’eau où se reproduisent les poissons et les amphibiens. C’est l’endroit où les femelles déposent les œufs pour que les mâles les recouvrent de semence.

Une frayère est donc un endroit au fond sableux ou vaseux qui permet une bonne protection des œufs. Les frayères sont donc des lieux indispensables à l’équilibre écologique d’un cours d’eau. La pollution de l’eau ou des sédiments, les modifications humaines sur le cours de la rivière, le braconnage, l’envasement, les bactéries et algues invasives sont autant d’éléments qui menacent l’équilibre des frayères et donc celui de toute la rivière. Il est donc nécessaire de réaliser des actions permettant la protection de ces zones.      

Les actions des syndicats pour la protection des frayères :

Ponte Amphibienne (Photo Iwona Grabska)

Le brochet, seul ésocidé de France est le plus gros carnassier autochtone des eaux européennes. Sa position, au sommet de la pyramide alimentaire, lui confère un intérêt patrimonial, fonctionnel…et halieutique.

Sa reproduction nécessitant des milieux temporairement inondés en fait une espèce particulièrement fragile et sensible aux pressions et perturbations de son habitat de reproduction et de vie.

Ainsi, au cours du siècle dernier, les zones humides, dont font partie les prairies inondables, ont été très largement détruites (on estime une diminution de 50 à 75% de leur nombre). Milieux toujours très menacés aujourd’hui en raison de l’urbanisation, de l’intensification de l’agriculture ou encore des pollutions elles rencontrent également sur l’ognon une menace liée à l’évolution même du cours d’eau.

En effet, l’ognon présente naturellement un déficit en frayères à brochets, celui-ci à été amplifié de facon très importante par l’incision généralisé du cours d’eau. Les différentes gravières, sablières, enrochements et rectifications mis en place sur la rivière et ses affluents ont entrainé un abaissement du lit du cours d’eau qui a abouti à déconnecter les annexes hydrauliques, parmi lesquelles les frayères. Aussi la situation n’est pas tout à fait la même sur le territoire de la Haute Vallée où les cours d’eau sont moins incisés et se prêtent moins à des espèces telles que le brochet.

La protection des milieux de vie du brochet est favorable à la sauvegarde de tout un cortège d’espèces (poissons, batraciens, invertébrés, plantes, oiseaux, etc.) et le maintien des populations de brochets témoigne donc du bon fonctionnement de l’écosystème aquatique. En outre, de nombreux services éco-systémiques sont rendus par les zones favorables au frai du brochet : épuration de l’eau, protection contre les crues, alimentation des nappes, etc.

Alors que la restauration des sites consiste généralement à permettre une meilleure alimentation en eau aux périodes de reproduction de l’espèce. L’entretien quant à lui, vise à permettre au milieu de continuer à avoir un fonctionnement permettant de remplir ses fonctions, notamment permettant le frai du brochet.

Brochets

Le lancement d’un projet de restauration :

Avant-projet :

Avant tout travaux, il est nécessaire de réaliser un diagnostic de la situation de la zone où la restauration est envisagée, au regard de la problématique « frayère à brochet ». Cette analyse doit prendre en compte l’état du milieu et intégrer une réflexion à l’échelle du bassin versant.

On recherche des preuves de présence historique de l’espèce sur le site visé, on cherche également à avoir des indicateurs de l’état de santé de la population de brochets du secteur.

Sa présence peut être attestée par des données scientifiques issues des inventaires piscicoles (principalement réalisés par les FDAAPPMA), des témoignages de locaux ou encore le classement dans le cadre du décret frayères…. Si cette recherche n’aboutit pas, il est alors important de produire ces données.

Le niveau de fonctionnalité actuelle du site et sa potentialité doivent ensuite être caractérisées. Un site fonctionnel ne fera l’objet que d’un entretien léger et d’une « surveillance » de son état. Si le site est dysfonctionnel, il sera alors recherché la cause de ce dysfonctionnement et estimer si les perturbations sont encore en cours ou ont été réglées.

La deuxième phase est alors plus concrète et nécessite l’acquisition de données sur le terrain. Elle portera essentiellement sur la topographie du site et l’hydrologie du cours d’eau. Le croisement des données hydrologiques et des données topographiques permet d’estimer la surface propice au frai du brochet pour différentes valeurs de débits. Des analyses et des calculs seront également effectuées pour estimer la charge et le transport des matériaux sur le site (afin de limiter notamment les risques d’un ensablement ou d’envasement de celui-ci). Les techniciens dresseront alors différents scénarios de restauration et analyseront leurs atouts et leurs inconvénients. Il sera notamment recherché le scénario permettant le meilleur rapport coût/bénéfices.

Enfin, pour évaluer l’efficacité de la restauration à venir, nous avons l’obligation de faire un état des lieux initial qui doit couvrir au minimum les aspects « biodiversité » et « hydraulique » et qui sera soumis aux services de la Direction Départementale des Territoires.

Les travaux de restauration :

Il sera toujours recherche de s’approcher au plus près d’un fonctionnement naturel qui sera le garant de la viabilité du site sur le long terme et de son fonctionnement optimum.

Les travaux peuvent être de nature différente. Les problèmes les plus fréquemment rencontrés sont :

  • Période de submersion inadaptée (fréquence; intensité, période)
  • Connexion hydraulique inexistante ou insuffisante
  • Des poissons ou alevins restent piégés 
  • La végétation au sol n’est pas adaptée

Une intervention sur la végétation pour mettre en place un support de ponte favorable, le curage et le reprofilage afin de modifier le profil topographique du milieu, enfin, la pose d’un ouvrage facilite la gestion des niveaux d’eau dans l’annexe. L’ensemble de ces interventions pourront s’effectuer à des intensités différentes en fonction des besoins.

Pour des raisons environnementales (hors des périodes de reproduction de la plupart des espèces), techniques, d’accès ou de portance des sols, la période de réalisation des travaux devra se situer plutôt en fin d’étiage.

Actions d’entretien :

L’entretien nécessite donc, sur les sites sélectionnés, de lutter contre leur évolution « naturelle » (mais toutefois influencée par les perturbations anthropiques à plus large échelle). Il s’agit pour l’essentiel de travaux de gestion de la végétation afin de garder un espace suffisamment ouvert mais également de mener un suivi régulier (température, niveau d’eau, indices de reproduction, présences d’espèces indésirables, …).

Certaines de ces actions nécessitent la constitution de dossiers plus ou moins importants auprès des services de l’Etat en vue de leur autorisation.

A la suite des actions menées par le syndicat, un suivi est systématiquement mis en œuvre.

Liste des frayères existantes sur la basse et moyenne vallée de l’Ognon :

Frayère de Morte Jacquot
Frayère de Brussey
Frayère du Creux bleu
Frayère de Thervay Montrambert
Frayère de l’Isle de Balançon à Thervay
Frayère de l’Abbaye d’Acey