Publié le 02.02.2024
Suivi N+3 des travaux de restauration de la Linotte et de la Quenoche à Loulans-Verchamp
Rappel des travaux
Des travaux de restauration hydromorphologique ont été effectués en 2020 sur la Quenoche et la Linotte à Loulans-Verchamp afin de rétablir un cours d’eau méandriforme. Le projet vise d’abord à rétablir le bon état écologique de la rivière mais aussi à limiter les inondations de la place du village (voir « Travaux de restauration de la Linotte et de la Quenoche à Loulans-Verchamp »).
Pourquoi un suivi en 2023 (3 ans après travaux)?
Un suivi est engagé afin de mettre en évidence l’effet des travaux sur le milieu et les incidences de ceux ci sur le fonctionnement de tout l’écosystème local.
Pour comprendre le fonctionnement global du cours d’eau et son évolution, l’étude prend en compte les peuplements de poissons, d’insectes aquatiques mais également des paramètres concernant la chimie de l’eau, la qualité physique (habitat) et le niveau de la nappe.
L’effet des travaux est mis en évidence en comparant les résultats avant/après travaux des secteurs restaurés.
Les variations annuelles sont toutefois susceptibles d’entrainer des variations de résultats, ceux ci sont donc également comparés à des stations non restaurées qui ont le rôle de témoins.
Résultats du suivi de 2023
Peuplement de poissons
Avant travaux
Un inventaire piscicole est réalisé à l’aide d’une pêche électrique (cette pratique utilisant un champ électrique particulier est utilisée afin de capturer la quasi intégralité des poissons tout en réduisant au maximum les désagréments pour le poisson qui est relâché après inventaire).
Avant les travaux, les stations de la Linotte et de la Quenoche présentaient des peuplements éloignés de ceux attendus en termes d’espèces (de nombreuses espèces de poissons n’auraient pas dû être présentes sur ce secteur).
mais aussi en termes d’abondance avec des biomasses de 200 à 300 kg/ha loin des 500kg/ha attendus sur ce type de rivière.
Les espèces présentes traduisaient donc un dysfonctionnement du cours d’eau et de son milieu au sein duquel seules les espèces les moins exigeantes pouvaient survivre correctement.
Après travaux
Les peuplements de poissons en 2023 sont plus proches des attentes et les abondances ont augmenté sur les deux stations restaurées pour atteindre 500 kg/ha sur la Linotte. Dans le même temps, la station témoin non restaurée située à Ormenans ne montre aucune amélioration. Les travaux semblent donc avoir un impact positif sur les peuplements de poissons.
Insectes aquatiques
Les peuplements d’insectes aquatiques permettent de décrire la qualité du milieu par l’utilisation d’indice. Avec l’exemple de l’IBGN, on peut mettre en évidence les variations de la qualité du peuplement par le calcul d’une note /20 (20/20 correspond à la norme d’un cours d’eau non-altéré).
Cet indice s’appuie sur la diversité des espèces présentes (plus il y a de genres d’insectes différents, plus le milieux est accueillant et biogène) et leur sensibilité (les espèces les plus fragiles et sensibles aux dégradations permettront d’augmenter la note de l’indice).
Les deux stations restaurées atteignent un IBG de 19 en 2023 et montrent une constante amélioration depuis les travaux tandis que les témoins non restaurés ne dépassent pas la note de 16 en 2023 et montre une diminution de la note entre 2022 et 2023. L’amélioration de la note calculée est liée à une augmentation des différents genres présents ce qui indique une amélioration de la qualité de l’habitat. Les peuplements sont proches de la référence mais les insectes les plus sensibles sont encore absent signe d’une qualité de l’eau insuffisante. Les travaux ont permis d’améliorer la qualité de l’habitat et joueront également un rôle sur la qualité d’eau par l’augmentation du rôle de filtration qu’ils ont permis mais la qualité de l’eau venant de l’ensemble du bassin versant reste une piste d’amélioration.
Qualité physico-chimique
Les paramètres physico-chimiques de l’eau montrent une bonne qualité globale mais les concentrations en nitrates restent trop importantes toute l’année pour le développement d’une faune sensible. Le principal paramètre en excès est la concentration en nitrate qui dépasse par exemple le niveau de tolérance de la truite.
La température est également limitante au niveau de la Linotte avec de fréquent dépassement du seuil de tolérance de la truite en période estivale.
Niveau de nappe
Le niveau de la nappe d’accompagnement de la Quenoche est mesuré en continu grâce à trois piézomètres (appareils dédiés aux mesure de variations de hauteur de nappe) installés sur la plaine alluviale.
En 2023, la nappe est en moyenne plus haute de 14 à 23 centimètres selon le piézomètre qu’en 2019 tandis que les précipitations sont relativement similaires sur ces deux années. La pluviométrie annuelle a influencé ces relevés et nous ne pouvons donc pas nous appuyer sur ceux-ci de manière scientifique. En effet, une validation scientifique des résultats nécessiterait une bien plus grande quantité de donnée et un suivi sur plusieurs années avant et après travaux dont nous ne disposons pas.
Toutefois les travaux ont permis de rehausser la hauteur de la nappe et influent donc logiquement de façon positive sur la quantité de la ressource.
Qualité physique
L’évolution de la faune des deux cours d’eau après restauration semblent traduire une amélioration de l’habitat. Les mesures directes ne permettent malheureusement pas aujourd’hui de mettre cette amélioration en évidence.
En effet, l’Indice d’Attractivité Morphodynamique, utilisé pour évaluer l’évolution de la qualité physique, montre un important écart à la référence pour les deux stations restaurées.
On peut estimer que ces valeurs seront amenées à évoluer avec notamment l’installation de substrats attractifs et diversifiés en lien avec la mise en place d’une ripisylve encore en développement (l’existence de racines et de sous berges par exemple joue un rôle important dans l’amélioration des notes de cet indice.
Les autres compartiments
Les suivis nécessitent des compétences spécifiques et représentent un vrai coût et une charge de travail, aussi le syndicat n’a pas encore pu développer de suivi sur la faune terrestre. Un suivi a minima est toutefois programmé au cours de l’été 2024 pour estimer l’impact positif (ou négatif) des travaux sur la faune terrestre du site.
Conclusions
Les travaux de restauration ont permis d’améliorer le fonctionnement du milieu aquatique en améliorant l’habitat. L’état optimal n’est pas encore atteint et reste limité par la température de l’eau et les concentrations en nitrates. Celle-ci sont effectivement trop importantes et résultent d’un dysfonctionnement des secteurs situés en amont des travaux. Ces données peuvent expliquer en partie l’absence des insectes les plus sensibles et le manque d’abondance de truites.
Les travaux sont récents et le milieu est encore en pleine évolution avec notamment l’installation naturelle et progressive d’une ripisylve. Le suivi sera poursuivi dans les prochaines années afin de constater l’effet des travaux sur le long terme et de corriger les éventuels problèmes.
Présentation publique des résultats
Le 02 février 2024, le Syndicat, en partenariat avec la communauté de communes et la commune de Loulans-Verchamp, a choisi d’organiser une réunion publique afin d’informer des résultats obtenus suite aux travaux.
Les documents présentés sont téléchargeables ci-contre :
Questionnaire
Lors de la réunion de présentation un questionnaire anonyme était mis à disposition des participants. Sur une soixantaine de personnes, le syndicats a eu 22 retours de questionnaire.
Vous pourrez prochainement trouver ici la synthèse du questionnaire.
