Publié le 03.08.2023
Suite au diagnostic initié par la Communauté de Communes en 2011, deux phases de travaux ont été programmées dans l’objectif de restaurer le Crenu.
Une première phase avait déjà pu être menée sur le secteur de Rognon en 2020. Le SMAMBVO, en partenariat avec la Communauté de Communes des Deux Vallées Vertes, a initié en 2021 une seconde phase de travaux ciblant un linéaire allant du bourg d’Avilley jusqu’à la confluence de l’Ognon.
Les travaux intégraient principalement des opérations de restauration de la continuité écologique, de recharge sédimentaire mais également de restauration morphologique de près de 400 m de cours d’eau au niveau de la confluence.
Sur le secteur d’Avilley, le Crenu rencontrait plusieurs problématiques distinctes :
- Une incision (enfoncement du lit du cours d’eau) marquée, que l’on retrouve sur l’ensemble du linéaire du ruisseau ;
- Des problématiques importantes de continuité écologique matérialisées par la présence d’un seuil (Code ROE10842) n’ayant plus d’utilité;
- Une connectivité avec l’Ognon dysfonctionnelle, amplifiée par les récents travaux au niveau de la micro-centrale située plus en amont sur l’Ognon.
Rétablissement de la continuité dans le bourg
Le centre d’Avilley était marqué par une forte problématique de continuité écologique au niveau du seuil d’Avilley (ROE10842). Ce seuil, autrefois érigé pour l’utilisation de la force de l’eau via l’alimentation d’un moulin n’avait plus d’usage et avait été classé parmi les ouvrages prioritaires (donc les plus impactants) dans le programme de mesures du Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux Rhône Méditerranée 2016-2021. Le canal d’amené avait été condamné et les vannes enlevées quelques années après l’étude diagnostique de 2011. Cet ouvrage interrompait totalement la continuité piscicole sans avoir d’autre intérêt. Le peuplement de poissons, particulièrement intéressant en aval du seuil, ne pouvait donc pas recoloniser le secteur amont en cas de problème et les brassages génétiques des populations ne se faisaient plus correctement.
Son effacement total est rapidement apparu comme la meilleure solution.
Afin de ne pas déstabiliser les ouvrages en amont, bloquer toute possibilité d’incision du lit et maintenir la pente locale du cours d’eau, des rampes d’enrochements ont été installées au fond du lit.
Leur configuration a été réfléchie afin de permettre l’existence d’un canal préférentiel de l’eau, permettant de bénéficier d’une hauteur d’eau suffisante à la vie aquatique en période de basses eaux mais également de diversifier les écoulements et les hauteurs d’eau de façon générale.
Initialement le seuil comprenait :
- Deux vannes de hauteur environ 0.75m et de largeurs respectives de 1.47 m et 1.44 m ;
- Un parement maçonné servant de déversoir de largeur de 7.23 m muni d’une cunette d’étiage de 0.7 m de largeur en fond calée environ 9 cm sous la crête du déversoir.
L’ancien seuil a ainsi laissé place à 3 rampes d’enrochements de 30 cm.
Quelques reprises ont été nécessaires au droit de l’ancien ouvrage mais la continuité est actuellement pleinement rétablie et les objectifs de cet effacement sont remplis.
Recharge sédimentaire
Comme quasiment l’intégralité du linéaire du Crenu, le ruisseau apparaissait incisé sur la portion située en aval d’Avilley. Le projet de restauration a donc intégré une large part de recharge granulométrique afin de permettre une augmentation des capacités de rétention de l’eau par la nappe d’eau d’accompagnement du cours d’eau et ainsi augmenter sa résilience aux périodes de sécheresse et d’étiage. Elle contribue également à réduire le gabarit du lit surdimensionné par rapport aux débits du Crenu.
La granulométrie (proportion des différentes classes de taille des sédiments – allant du gravier au bloc – ) s’est reposé sur un échantillonnage effectué au sein du ruisseau dans un secteur faiblement influencé par l’Homme.
La recharge s’est principalement concentrée sur le secteur situé en amont de la création du nouveau lit, quelques centaines de mètres en amont de la confluence. Elle s’est effectué par point d’injection afin de conserver la végétation des abords de berges sur le linéaire du cours d’eau conservé. Des dépôts de sédiments ont donc été effectués relativement régulièrement le long du cours d’eau, et leur vocation est d’être réorganisée au sein du lit au cours des premiers épisodes de crues après les travaux.
Sur le nouveau lit recréé au niveau de la confluence, les sédiments ont été répartis de façon globalement homogène sur l’ensemble du linéaire.
En tout, c’est plus de 30 cm d’épaisseur qui a été rajoutée au matelas alluvial sur l’ensemble du linéaire, soit 1 360 m3.
Restauration morphologique de la confluence
Historique, enjeux et objectifs
Avant les travaux, le Crenu se rejetait dans l’ancien canal de fuite du moulin situé sur l’Ognon. Dans le cadre de l’optimisation de sa production électrique, le propriétaire du moulin a créé un nouveau canal de fuite, délaissant l’ancien.
Alors privé d’une part importante de son débit, le lit du Crenu au niveau de sa confluence est devenu totalement surdimensionné. Le débit qui transitait par le Crenu au niveau de sa confluence ne lui permettait plus de mobiliser les sédiments. La confluence du ruisseau (ancien canal de fuite) s’est alors largement envasée. Les habitats intéressants pour le poisson et les insectes ont petit à petit disparus au profit d’habitats très lents et pauvres en oxygène.
C’est pourquoi un nouveau tracé du Crenu au niveau de sa confluence a été proposé.
Dimensionnement du projet
Le nouveau tracé a repris le tracé du petit ruisseau situé en lit majeur, rive gauche de l’Ognon, lui permettant de suivre globalement la pente du secteur.
Le nouveau lit mesure 425 m pour une pente relativement faible de 0.002m/m.
Le Crenu ne disposant pas de station de mesure des débits, ceux ci ont été estimés sur la base de deux approches différentes et pour différents débits caractéristiques (débits de crue biennale, débit moyen,…). Ils ont constitué le point de départ du dimensionnement du lit. Sur la base des débits estimés, de la pente, de la nature du sol, il a été proposé un lit d’une largeur moyenne de 4m et de hauteur de berge comprise entre 0.3 et 0.8m en fonction des secteurs.
Ces dimensions permettent au cours d’eau d’avoir des périodes d’inondations relativement fréquentes tout en bénéficiant d’une puissance suffisante pour recréer de lui même les habitats nécessaires à la faune et à son bon fonctionnement.
Pour permettre à la végétation d’avoir le temps de s’installer avant la reprise des mécanismes d’érosion et de dépôt, un géotextile a été apposé sur les berges. Ce textile constitué de coco est totalement biodégradable.
Le lit a été dimensionné pour ne pas être le siège d’incision, toutefois par sécurité, deux rampes d’enrochements ont été disposés au niveau de la confluence et juste en aval du nouvel exutoire de la station d’épuration.
L’ancien canal du moulin a été conservé et constitue le nouveau point de rejet de la station d’épuration. Il a également été converti en frayère en raison de sa bonne connectivité avec l’Ognon en période de hautes eaux.
Pour éviter la communication avec l’ancien lit, un remblais a été réalisé, protégé par de l’enrochement. Il garantit un faible courant dans l’ancien canal, nécessaire à la fonction de frayère, ainsi qu’un débit d’attrait pour les poissons rhéophiles (qui apprécient le courant) qui pourront alors trouver leur chemin vers leurs lieux de reproduction.
L’ambition particulière de ces travaux réside également dans la stratégie de la Communauté de Communes qui place la restauration des cours d’eau parmi ses priorités. La collectivité porte une politique ambitieuse et intelligente qui repose sur une restauration des milieux, menée en parallèle d’une amélioration de son système de traitement des eaux, garants d’une efficacité amplifiée. Elle a bénéficié de l’appui de la commune d’Avilley et de l’Association de pêche locale qui ont permis un relais auprès de la population et se sont fortement impliquées.
Et la communication ?
Comme dans de nombreux travaux similaires, la communication avec les riverains constitue un point important qui n’est généralement pas suffisamment pris en compte en raison des contraintes liées à l’engagement de travaux importants et à la priorisation de ceux ci.
Au cours de ces travaux, les élus locaux (communaux et intercommunaux) ont effectué un important travail de communication, au plus près des riverains. Le maire d’Avilley a ainsi régulièrement expliqué l’objectif des travaux, et s’est fait le relais de la population auprès des techniciens et élus du syndicat. La Communauté de Communes et ses élus ont également largement communiqué.
Au niveau des pratiquants de la pêche, le Président de l’Association de pêche locale s’est également attaché à expliquer les travaux et transcrire les demandes des pêcheurs auprès des services techniques.
Plusieurs articles et reportages ont été diffusés par le Syndicat et la Communauté de Communes. Aujourd’hui des visites sont organisées annuellement en lien avec l’Office de tourisme ou directement par le SMAMBVO. Des panneaux seront également prochainement disposés à proximité des sites de travaux. Ces travaux sont également détaillés sur les sites des Syndicats de rivière de l’Ognon et du Département du Doubs.
Au final, ça donne quoi ?
Le résultat des travaux est encore suivi régulièrement et des reprises ponctuelles pourront être effectuées en fonction de l’évolution constatée sur le terrain. La reprise de la végétation est également suivie afin de vérifier son bon développement et l’absence de plantes invasives qui était présentes auparavant sur le site.
Un suivi est également prévu afin d’évaluer l’efficacité des travaux et également prendre des mesures correctives si besoin.
Financement
Ces travaux ont pu être réalisés grâce au financement de l’Agence de l’eau RMC, du Département du Doubs, de la Région Bourgogne-Franche-Comté et de la Communauté de Communes des Deux Vallées Vertes.