Travaux de restauration de la Linotte et de la Linotte et de la Quenoche à Loulans-Verchamps

Publié le 16.09.2022

Travaux de restauration de la Linotte et de la Quenoche à Loulans-Verchamps

En Bref !

L’Homme a déplacé, rectifié et curé la Linotte et la Quenoche afin de pouvoir y développer les activités qui se sont succédées aux abords de ces cours d’eau. Toutes ces altérations avaient pour objectif principal l’utilisation de la puissance du cours d’eau mais également l’assèchement des terrains et l’alimentation de canaux d’agrément.

Ces aménagements ont conduit à une dégradation de la qualité des milieux aquatiques, à une diminution de la biodiversité locale mais également à une plus grande sensibilité aux variations de la quantité d’eau (crues plus fréquentes et brutales, diminution de la quantité d’eau préservée dans le sol).

Le projet de restauration de la Linotte a ainsi consisté à allier à la fois les améliorations écologiques, sécuritaires et d’usages. Aujourd’hui les cours d’eau ont repris un tracé méandriforme (sinuosité du lit de la rivière) avec des écoulements et des habitats diversifiés favorables à la faune, à la flore et à l’épuration de l’eau. Le paysage s’est vu amélioré et à même permis d’améliorer l’attractivité du site qui accueille désormais une activité d’hébergement insolites.

Historique du projet

Genèse

Dès 1870, les modifications qui avaient été effectuées sur la rivière ne représentaient plus d’intérêt pour la commune. Les vannages étaient en mauvais état et les transformations du cours d’eau avaient contribué à un envasement des ruisseaux et une augmentation de la fréquence des crues au niveau du château et du centre du village.

Dans une logique de développement durable et de développement écologique, la communauté de communes s’est interrogée sur l’état du cours d’eau et les possibilités de restauration de celui-ci.

Inondation de la place du village de Loulans-Verchamp par la Linotte en Décembre 2010 (photo d’un riverain)

Constat

Le bureau d’études Téléos a été sélectionné pour mener à bien l’étude de faisabilité préalable à une réflexion plus précise et au dimensionnement du projet.

Peuplement de poissons

Un inventaire piscicole réalisé en 2016 traduisait des déséquilibres des peuplements de poissons et un poids de poissons (~200 kg/ha) très inférieur à celui attendu sur un cours d’eau préservé (~500 kg/ha).

Dans le détail, bien que la plupart des espèces attendues soient représentées leur abondance ne correspond pas à celle attendue sur un cours d’eau de ce type.

Par ailleurs, plusieurs espèces visibles habituellement sur des cours d’eau plus importants ou sur des secteurs aval ainsi que des espèces exotiques (poisson-chat, écrevisses américaines, écrevisses signal,…) ont été inventoriées malgré des températures de l’eau qui correspondent au développement optimal d’un peuplement basé sur la truite.

Le peuplement piscicole de la Linotte en 2016 était donc en mauvais état de conservation mais traduisait de vraies possibilités d’amélioration.

Abondance des espèces capturées en 2016 confrontées à celle attendue en l’absence de perturbation (données FDAAPPMA70)

Insectes aquatiques

Les données disponibles sur le macrobenthos (organismes visibles à l’œil nu vivant au fond des cours d’eau comme les insectes, les gastéropodes,…) traduisent une qualité d’eau non optimale.

L’indice basé sur l’analyse de ces organismes, l’IBGN, devrait en théorie atteindre 20/20. En effet, la note obtenue par l’IBGN traduit un écart à la référence, donc un écart à la situation normale. Un cours d’eau qui ne présente pas d’altération notable aura ainsi une note de 20/20 ou très proche.

Sur la Linotte, le résultat de cette indice reste difficilement au dessus de 15/20 et on note l’absence des insectes les plus sensibles à la pollution comme les grandes perles (grands Plécoptères).

Notes IBGN calculées d’après les mesures effectuées sur la station de Guiseuil (DREAL, 2016)

Qualité d’eau

Des mesures de qualité physico-chimiques de l’eau sont réalisées annuellement à Guiseuil. Si les normes limites sont respectées, les valeurs mesurées dépassent systématiquement les concentrations qui devraient être rencontrées en l’absence de perturbation et peuvent donc être responsables de l’absence des espèces les plus sensibles à la pollution. La charge azotée est en effet nettement supérieure aux conditions normalement rencontrées sur des cours d’eau non perturbés.

Quantité d’eau

Une partie de l’eau était dirigée vers les bassins du château. D’autre part, le seuil du château exerçait un effet d’obstacle à l’écoulement et augmentait le risque d’inondation.

Qualité physique

Près de 850 m de rivière sont transformés en eau stagnante, homogène, aux fonds colmatés par les sédiments sous l’effet du seuil du château. Les habitats de la rivière apparaissaient peu attractifs pour les poissons et la stagnation de l’eau contribuait à l’implantation d’espèces habituellement rencontrées à l’aval des cours d’eau (gardon, ablette, perche, …).

Le lit du cours d’eau apparaissait homogène (peu de profondeurs, vitesse et substrats différents), rectiligne et sur-élargis. D’autre part, le niveau du ruisseau en période de basses eaux était tel que la végétation et les berges se trouvaient déconnectées de la rivière

Photographie illustrant la déconnexion des berges (J. Paris, 2016)

Projet

Les travaux

Vue d’ensemble des travaux

En l’absence de carte historique précise, le cours d’eau a du être retracés grâce à des calculs s’appuyant notamment sur le débit de plein bord et la pente de la vallée tout en prenant en compte les contraintes locales (pont, château,…) et des contraintes des propriétaires riverains.

Le groupement constitué par les cabinets d’ingénierie CD Eau environnement et Artelia a été sélectionné pour effectuer la maitrise d’œuvre des travaux qui ont été réalisés par Climent TP.

Le seuil à ainsi été supprimé afin de réduire la fréquence et l’importance des inondations mais également permettre de retrouver une rivière courante plus naturelle.

Les drains ont été rebouchés dans un objectif de reconstruction des réserves d’eau aux abords de la Quenoche et le fond de la vallée a été retravaillé, permettant ainsi de repositionner la Linotte et la Quenoche dans le fond de vallée. Le tout s’est accompagné d’une recharge sédimentaire nécessaire à la vie du cours d’eau et à la vie aquatique et permettant de réhausser le niveau de la nappe d’accompagnement du cours d’eau.

Les travaux se sont déroulés en deux phases à partir d’octobre 2019 à mais 2020.

Suivi

Un suivi est organisé afin de permettre d’évaluer l’efficacité des travaux par rapports aux objectifs recherchés.

Des indicateurs seront évalués 3 et 5 ans après les travaux (analyse du macrobenthos, des poissons, de la hauteur de la nappe d’eau, de la température de l’eau…).

Les données seront mises à disposition par le SMAMBVO.